Aux États-Unis, de plus en plus de pression contre la position dominante de NVIDIA

Aux États-Unis, de plus en plus de pression contre la position dominante de NVIDIA

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Aux États-Unis, de plus en plus de pression contre la position dominante de NVIDIA

Plusieurs lobbys associatifs demandent au ministère de la Justice américain de surveiller plus sérieusement les pratiques potentiellement anticoncurrentielles du géant des puces électroniques NVIDIA. Sa politique de prix et d'offres liées est en particulier pointée du doigt. Le ministère a lancé deux enquêtes à ce sujet.

L'organisation Demand Progress (cocréée par Aaron Swartz) et neuf autres groupes ont envoyé une lettre ouverte (.PDF) au responsable de la concurrence du ministère de la Justice américain (Department of Justice, DOJ). Ils questionnent la position de monopole de NVIDIA sur le marché des semi-conducteurs utilisés pour la R&D en IA, explique Reuters.

En juin, le New York Times expliquait que le DOJ s'était coordonné avec la Federal Trade Commission (FTC) pour se répartir la responsabilité d'enquêtes sur d'éventuelles positions dominantes dans le milieu de l'IA. Le journal expliquait que le ministère allait se concentrer sur les comportements de NVIDIA et vérifier qu'elle n'a pas violé les lois antitrust américaines.

La pression se resserre encore un peu sur l'entreprise fabless, qui a vu ses profits exploser depuis l'arrivée de l'IA générative. Elle est devenue momentanément la plus grande capitalisation boursière au monde, dépassant 3 150 de milliards de dollars. Elle est actuellement troisième, derrière Apple et Microsoft.

« Une influence dangereuse sur l'économie mondiale »

La lettre rappelle que NVIDIA possède 80 % du marché des GPU et 98 % du marché concernant les puces des data centers, ce qui lui permet « d'évincer ses concurrents et de fixer les prix et les termes du marché mondial ».

Pour les 10 lobbies, cette domination sur le marché des semi-conducteurs permet à NVIDIA de « contrôler le destin informatique du monde, ce qui lui confère une influence dangereuse sur l'économie mondiale ».

Ces organisations pointent du doigt des pratiques illégales comme la vente liée des puces avec les logiciels de réseau et de programmation de l'entreprise : « cette approche propriétaire agressive, qui va à l'encontre des normes du secteur en matière de collaboration et d'interopérabilité, a pour effet d'enfermer les clients et d'étouffer l'innovation », affirment-elles.

La lettre fait aussi référence aux enquêtes déjà lancées ailleurs, citant celle qui a déjà débuté en France, mais aussi l'enquête lancée par l'autorité britannique en février dernier.

Non-respect de l'embargo contre la Chine

Ces organisations pointent aussi le fait que NVIDIA continue à vendre des GPU sur le marché chinois, malgré l'embargo imposé par le ministère du Commerce américain. « Il a été confirmé que ses puces parvenaient à des entités chinoises figurant sur la liste noire », affirme la lettre, citant un article du média Foreign Policy.

Le CEO de l'entreprise, Jensen Huang, a réagi en novembre dernier sur le sujet en déclarant : « nous devons mettre au point de nouvelles puces conformes à la réglementation et, une fois que nous l'aurons fait, nous retournerons en Chine ».

Interrogée par Reuters à propos de la lettre, NVIDIA indique avoir dépensé des milliards de dollars pour développer ses puces adaptées à l'IA. L'entreprise ajoute : « les régulateurs n'ont pas à s'inquiéter, car nous respectons scrupuleusement toutes les lois et veillons à ce que NVIDIA soit ouvertement disponible dans chaque cloud et sur site pour chaque entreprise ».

Deux enquêtes en cours

Cette lettre tout juste publiée, des informations sur deux enquêtes du DOJ viennent d'être révélées, explique The Verge. Le média Politico a appris que le ministère de la Justice américain examinait l'achat de la start-up Run:ai par NVIDIA pour 700 millions de dollars, selon TechCrunch. Annoncé par le géant des semi-conducteurs en avril, ce rapprochement avec son ancien partenaire, spécialiste de la virtualisation de GPU, est soupçonné par le ministère d'être anticoncurrentiel, selon les sources du média.

La seconde enquête en cours, selon The Verge, a été lancée par le ministère suite à des plaintes de concurrents. Ils accusent NVIDIA de mettre une pression importante sur les fournisseurs de cloud-computing. Elle portera aussi sur des accusations de surfacturation aux équipementiers réseau choisissant d'utiliser aussi des puces provenant d'autres fournisseurs comme AMD et Intel.

« Nous sommes compétitifs grâce à des décennies d'investissement et d'innovation, en respectant scrupuleusement toutes les lois, en rendant Nvidia ouvertement disponible dans tous les clouds et sur site pour toutes les entreprises, et en veillant à ce que les clients puissent choisir la solution qui leur convient le mieux », réagit NVIDIA interrogée par Politico.

 

Commentaires (7)


nVidia tient grâce à l'IA ... tant que l'IA sera à la mode.
Avec tous les signes de bulle spéculative autour de ce sujet, la capitalisation de nVidia ne vaudra plus grand chose quand la bulle éclatera (déjà qu'OpenAI se traine une casserole de 1,5 milliard de $).
Je dirais que l'on pourrait appliquer ce principe également pour Microsoft avec son système Windows. L'article parle de vente liée. Malheureusement c'est également le cas pour 98% des ordinateurs avec quasi exclusivement du Windows permettant une belle visibilité au détriment des autres.

La seule grosse différence est que Microsoft respecte certainement l'embargo chinois.
La différence c'est que Windows ne rapporte rien à Microsoft. C'est un boulet que MS est contraint de se trimballer car la planète entreprise tourne dessus.

Les revenus de MS c'est Azure et Microsoft 365 (Entreprise, càd Teams, Exchange, Purview, Defender, etc.) dont les clients software n'ont pas besoin de Windows pour tourner : client web, Linux, macOS, etc. sont disponibles et si jamais Windows venait à disparaître l'optimisation des clients selon OS viendra naturellement en fonction des parts de marché.
Modifié le 05/08/2024 à 08h19

Historique des modifications :

Posté le 05/08/2024 à 08h18


La différence c'est que Windows ne rapporte rien à Microsoft. C'est un boulet que MS est contraint de se trimballer car la planète entreprise tourne dessus.

Les revenus de MS c'est Azure et Office 365 (Entreprise, càd Teams, Exchange, etc.) dont les clients software n'ont pas besoin de Windows pour tourner : client web, Linux, macOS, etc. sont disponibles et si jamais Windows venait à disparaître l'optimisation des clients selon OS viendra naturellement en fonction des parts de marché.

"Nvidia tient grâce à l'IA"
C'est une blague ? 80% des GPU et 98% des puces de data center, j'imagine, directement liées à l'IA. Numero 1 en capitalisation boursiere pendant un temps.... Je ne vois pas en quoi Nvidia profiterait d'une bulle.
De plus, Il faut bien differencier l'IA (pour ce que ce terme veut dire) grand publique et celle utilisée pour le dev pro. Il n'y a pas de phenomène de mode côté pro. Les applications sont réels et les bénéfices indeniables.
Perso, je serais un peu plus prudent sur le terme « indéniable ».
« Prometteur », plutôt, les applications vraiment concrètes et avérées pour le monde pro ne sont pas si nombreuses que cela pour le moment à ma connaissance - en tout cas leur nombre semble assez maigre au vu des moyens investis (pour le moment).
Je ne dis pas que ça ne peut pas changer mais la fièvre spéculative autour de la techno n’aide pas forcément à une vision apaisée et rationnelle sur le sujet.
"il n'y a pas de phénomène de mode côté pro"
Euh... J'espère que tu n'es pas décisionnaire.
De mon expérience et point de vue, il y a PLEIN de responsables qui malheureusement pour les utilisateurs et les personnes qui doivent gérer son victimes de la mode.
Que ce soit pour le passage au cloud, la GED, l'intégration au mobile, le responsable design, les sites internet, les CRM, la datavisualisation,l'IA, ... Si certains produits sont novateurs, beaucoup surfent sur des mots clés.
Actuellement avec les budgets restreints c'est moins visibles, mais à certaines époques où les gens pensaient que l'informatique résoudrait tous leurs problèmes, il y a eu des achats compulsifs dans les DSI. Sans jamais de réflexion ou vérification du roi.
Et ça continue encore, notamment maintenant une certains achats ne passent plus par les DSI (vive le cloud): les 'responsables' achètent des outils miracles 'parce que l'ancien est dépassé'
Alors qu'en général, ils ont juste oublié que sans animation, un logiciel ne sert à rien.
Le constat c'est qu'ils sont meilleurs que la concurrence, c'est ainsi.
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